Résilience et plaidoyer : Histoires personnelles de victoires dans la lutte contre la poliomyélite au Congo

Résumé

Ces récits soulignent non seulement l’importance de la vaccination, mais aussi le rôle de l’expérience personnelle et du plaidoyer dans la résolution des problèmes de santé publique. Ils explorent la vie de deux personnes qui ont transformé leurs épreuves personnelles en un puissant plaidoyer en faveur de la vaccination contre la poliomyélite, démontrant ainsi leur résilience et la vaste influence des témoignages personnels.

Résilience et plaidoyer : Histoires personnelles de victoires dans la lutte contre la poliomyélite au Congo

Dans le cadre de la lutte contre la poliomyélite en République démocratique du Congo, certaines personnes se distinguent non seulement par leur rôle dans le domaine de la santé publique, mais également par leur histoire personnelle qui inspire leur communauté et la guide vers un avenir sans poliomyélite. Ces récits soulignent non seulement l’importance de la vaccination, mais aussi le rôle de l’expérience personnelle et du plaidoyer dans la résolution des problèmes de santé publique.

Transformer une tragédie personnelle en victoire pour la communauté : La croisade de Julienne Zirage contre la poliomyélite à Kudatu

Julienne Zirage Bashoga, une femme de 34 ans originaire de Bagira, est devenue une source d’inspiration dans le cadre de la lutte contre la poliomyélite à Kadutu. Malgré ses propres épreuves liées à la poliomyélite, qui l’a empêchée de marcher dès l’âge de deux ans, Julienne a consacré sa vie à faire en sorte qu’aucun enfant de sa communauté ne souffre comme elle a souffert.

“Orpheline et sans enfant, elle a trouvé sa vocation dans le plaidoyer en faveur de la vaccination après avoir constaté de ses propres yeux les effets dévastateurs de la poliomyélite.”

Forte d’une expérience de cinq ans dans une association locale pour personnes handicapées et d’une formation en couture, Julienne a connu un parcours marqué par un engagement dynamique dans diverses initiatives de la société civile. Le fait qu’elle n’ait pas été vaccinée pendant son enfance, en raison de la crainte de sa mère vis-à-vis des campagnes de vaccination, a renforcé sa détermination à changer la perception des vaccins au sein de sa communauté.

Aujourd’hui, Julienne soutient la zone de santé en informant les femmes enceintes et les mères allaitantes sur la nutrition et en promouvant des pratiques familiales essentielles, notamment l’importance du respect du calendrier de vaccination et d’une bonne hygiène. Elle a joué un rôle déterminant dans la lutte contre la résistance à la vaccination en partageant son histoire personnelle et en s’engageant auprès de la communauté par l’intermédiaire d’émissions de radio et d’autres plateformes médiatiques.

Reconnue pour avoir activement contribué au succès de la campagne de vaccination menée dans sa province, Julienne continue de travailler aux côtés des équipes de vaccination, brisant les résistances et dissipant la méfiance.

Ses efforts mettent non seulement l’accent sur l’importance de l’implication de la communauté dans les initiatives de santé, mais aussi sur le rôle crucial des témoignages personnels dans le plaidoyer en faveur de la santé publique.

 

Le récit passe du cadre urbain de Kadutu aux forêts reculées de Kimungu, où les circonstances extraordinaires d’une autre personne ont conduit à une approche innovante pour atteindre les personnes les plus isolées.

Atteindre les inatteignables : La vaccination contre la poliomyélite s'étend aux forêts de Kimungu

Rédigé par Basile Lange, Responsable CSC, UNICEF Kalemie

Dans la zone de santé d’Ankoro, connue pour ses poches de résistance à la vaccination, en particulier contre la poliomyélite, une campagne extraordinaire s’est déroulée, apportant des vaccins dans les endroits les plus improbables. Ngoyi Mwilambwe Venance, père de neuf enfants âgé de 55 ans et résident du camp agricole de Kimungu, se rendait souvent tôt le matin dans ses champs, à 5 km de son domicile, avec son plus jeune fils, Tuta Tembwe, âgé de trois ans. Ignorant la campagne de vaccination en cours en raison de ses absences fréquentes du village, Ngoyi a été surpris, le deuxième jour de la campagne, lorsqu'une équipe est arrivée dans son champ.

L’équipe, dirigée par le mobilisateur Kakudji Laurent, avait pour mission de trouver et de vacciner les enfants absents du village mais présents dans les champs avec leurs parents. Accompagné d’un vaccinateur et d’un enregistreur, Kakudji utilisait un mégaphone pour traverser les blocs forestiers, appelant les parents et tenant des discussions de groupe avec 5 à 8 décideurs familiaux pour renforcer la compréhension des avantages de la vaccination des enfants contre la poliomyélite.

Kakudji a expliqué aux parents que les deux gouttes de vaccin pouvaient prévenir la poliomyélite, qui a laissé de nombreux enfants handicapés. Les parents, reconnaissants pour le suivi de proximité et l’approche communautaire, ont reçu des informations précieuses sur le développement et la protection de l’enfant, informations que seule la vaccination pouvait fournir contre les maladies débilitantes.

“À travers mon engagement, j’ai donné un visage humain à ce travail, les invitant à œuvrer également pour le bien-être de leur progéniture, les héritiers de leur travail actuel.”

Ses efforts ont abouti à la vaccination de 19 enfants, réalisant ainsi un rêve qu’il avait toujours chéri.

Les parents, reconnaissants des efforts de l’équipe, ont offert des bottes de feuilles d’amarante en signe d’hospitalité. Cependant, chargée de légumes, l’équipe avait pour mission de vacciner 100 enfants ce jour-là, une ambition que les parents comprenaient bien, tout en étant conscients du combat ardu et du sacrifice consenti par ces volontaires enthousiastes pour combattre la poliomyélite dans leurs villages.

Grâce au réseau de mobilisateurs communautaires des cellules d'animation communautaire, l’UNICEF, en collaboration avec le gouvernement congolais, continue de travailler dans les zones de santé touchées par la poliomyélite pour prévenir le risque de propagation de la maladie.

Conclusion

Les histoires de Julienne et Ngoyi mettent en lumière le rôle déterminant des expériences personnelles dans l’élaboration de stratégies de santé publique. Leurs approches singulières du plaidoyer ont non seulement permis de changer des vies, mais aussi de redéfinir la manière dont les communautés perçoivent les campagnes de vaccination et y participent. En assumant leur rôle de défenseurs, ils mettent en évidence la manière dont les actions individuelles peuvent conduire à des avancées collectives en matière de santé, inspirant ainsi d’autres personnes à se joindre à la lutte essentielle contre la poliomyélite. Du fait de leur courage et de leur engagement, Julienne et Ngoyi incarnent l’esprit de résilience et le poids des initiatives communautaires en matière de santé.