Relever les défis grâce à l’autonomisation des populations : Combler les lacunes pour garantir la vaccination de tous les enfants au Zimbabwe
Résumé
Cet article explore comment le Zimbabwe surmonte les défis de l'autonomisation communautaire en garantissant la vaccination de tous les enfants grâce à des stratégies innovantes de changement social et comportemental (SBC).
Un exemple de réussite – Relever les défis grâce à l’autonomisation des populations : Combler les lacunes pour garantir la vaccination de tous les enfants au Zimbabwe
En 2023, la résurgence du poliovirus circulant de type 2 dérivé d’une souche vaccinale (PVDVc2) à Harare a constitué un point de rupture pour le système de santé publique zimbabwéen. Le Ministère de la santé et de la protection de l’enfance a aussitôt déclaré l’état d’urgence sanitaire publique, insistant sur la nécessité pressante d’endiguer la flambée. Dans le même élan, le bureau de l’UNICEF au Zimbabwe, en coopération avec ledit Ministère, a mené une politique innovante d’éradication de la poliomyélite à travers une série d’activités de vaccination supplémentaires s’appuyant sur le nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (nVPO2), le lancement de la campagne étant prévu pour début 2024.
La stratégie du bureau consistait à tirer parti des techniques relevant du CSC pour stimuler la participation des populations et accroître le niveau d’acceptation vaccinale. Prenant acte des défis liés à l’hétérogénéité géographique du territoire du pays, où des zones urbaines à forte densité démographique côtoient des régions abritant des communautés rurales isolées, l’UNICEF a accordé la priorité à la conduite d’interventions ciblées s’appuyant sur l’approche de CSC. Ces initiatives n’ont pas été conçues uniquement à des fins informatives ou éducatives, mais aussi dans l’optique d’impliquer les populations dans le processus de vaccination, et partant, de développer un sentiment d’appropriation et d’instaurer un climat de confiance dans le cadre de la mise en œuvre des mesures sanitaires.
Cette approche holistique poursuivait une ambition transformatrice quant aux attitudes de la population à l’endroit de la vaccination, en s’attaquant à la réticence vaccinale, et en s’assurant qu’in fine chaque enfant au Zimbabwe serait protégé contre la poliomyélite. En optant pour une stratégie de CSC, le bureau de l’UNICEF au Zimbabwe s’est attelé à faire coïncider les services de santé avec les besoins de la population, en instaurant un cadre viable favorisant la mise en place efficace de la campagne d’éradication de la poliomyélite.
Étude de cas : District de Beitbridge, province du Sud de Matabeleland
Dans cette zone rurale de Beitbridge, le défi qui attendait le service 12 de la clinique Majini n’était pas simple à relever. La communauté concernée, à savoir 29 enfants âgés de moins de 5 ans et 61 de moins de 10 ans, se caractérisait par une réticence vaccinale, principalement due à des croyances religieuses proscrivant la vaccination. Le comité local chargé des stratégies de CSC a alors préconisé l’adoption d’approches de participation adaptées au contexte local.
Interventions et dialogue avec les populations :
- Leadership : Le comité du district chargé des stratégies de CSC a amorcé un dialogue avec les chefs de village ainsi que le personnel du dispensaire, en insistant sur la nécessité absolue d’une campagne de vaccination contre la poliomyélite.
- Aborder la réticence vaccinale : Au cours des discussions, les dirigeants locaux ont reçu des informations afin de promouvoir la vaccination de façon efficace.
- Visites à domicile et soutien par les pairs : Les agents de santé communautaire et les pairs vivant au contact de parents ou tuteurs réticents ont effectué des visites à domicile à visée pédagogique, qui se sont révélées décisives dans une perspective de changement des perceptions.
Impact
Les efforts se sont soldés par un succès sans appel, la plupart des enfants ayant été vaccinés en fonction de leurs possibilités, aussi bien dans leur jardin qu’à proximité de points d’eau. La flexibilité spatiotemporelle a été déterminante : il s’agissait de s’adapter aux besoins de la population – une approche efficace et empathique reposant sur des campagnes de proximité.
Étude de cas : Province métropolitaine de Bulawayo
Contrastant avec les dynamiques propres à la région rurale de Beitbridge, l’environnement urbain de Bulawayo présentait des enjeux distinctifs liés à la diversité et l’échelle de la population. Pour s’assurer que la vaccination couvre l’ensemble des enfants, il a fallu privilégier une approche fondée sur la participation massive et inclusive des parties prenantes.
Une participation des parties prenantes novatrice –
- Réunions élargies : La réunion des parties prenantes qui s’est tenue dans l’édifice de Tower Block a accueilli non seulement des représentants officiels du secteur de la santé, mais aussi des fonctionnaires de la mairie, ainsi que des représentants des ministères, des associations de résidents et des médias.
- Mobilisation des communautés : Par l’intermédiaire des groupes WhatsApp et grâce à la médiation des acteurs influents locaux et des praticiens du secteur privé, les messages de la campagne ont atteint un large public, garantissant un niveau élevé de sensibilisation et de participation.
Impact
Les stratégies de participation ont permis d’enregistrer des niveaux de vaccination au-delà des espérances, avec des taux de couverture culminant à 111 % et 114 % lors des première et deuxième phases, respectivement. La réussite de la campagne témoignait des atouts de la mobilisation de la population tous azimuts et du rôle proactif des hautes autorités de la ville dans les initiatives liées à la santé.
Résultats
Les exemples probants de Beitbridge et de Bulawayo sont la preuve de l’impact incomparable des stratégies de CSC sur le renversement des obstacles entravant la vaccination contre la poliomyélite. En adaptant ses politiques en fonction du contexte urbain ou rural, le Zimbabwe a su faire face aux crises sanitaires, tout en posant les jalons d’une stratégie à réitérer lors des campagnes ultérieures. Ces efforts ont mis en avant l’efficacité sous-tendant la participation communautaire ainsi que le rôle crucial d’une communication personnalisée et empathique, à même de faciliter la réalisation des objectifs de santé publique.