Stratégies de gestion du refus de la vaccination
Dans six districts sanitaires prioritaires, la cartographie numérique identifie les zones de refus pour des interventions opportunes, réduisant ainsi le nombre d’enfants manqués. En combinant l’analyse des données et la sensibilisation ciblée des communautés, les équipes combattent la méfiance et la désinformation.
Résumé
Introduction : le Niger est un pays continental situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Ces dernières années, le pays fait face à des défis multiformes affectant plusieurs secteurs sociaux de base. En matière de santé, la situation est marquée par la réémergence des épidémies de poliomyélite, méningite, fièvre jaune, rougeole, diphtérie, etc. Au sujet de la poliomyélite, malgré la certification du pays libre de circulation de poliovirus sauvage en 2016, depuis 2018, plusieurs districts sanitaires des huit (8) régions du pays ont enregistré des cas. En réponse à cette situation, l’Etat du Niger avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, met en œuvre une riposte vaccinale à 02 rounds.
Méthodologie : En prélude au round de septembre 2024, les appuis UNICEF, consultants SBC Immunisation, ont assisté les équipes de santé de Maradi ville, Madarounfa, Mayahi, Dosso, Kollo et Tillabéri dans la gestion préventive des cas de refus enregistré au 1er round de la riposte vaccinale contre la poliomyélite.
Résultats clés : au total la gestion préventive réalisée en amont du round de septembre à l’aide de KoboCollect a concerné 61 cas. Le profil des parents ou tuteurs rencontrés lors de la gestion préventive étaient dominés par des femmes (62,30%) avec une moyenne d’âge de 35,92 ans. Pour le niveau d’instruction, les parents ou tuteurs concernés par la gestion préventive ont reçu une instruction coranique de niveau non déterminé (36,07%) et dans la même proportion n’ont reçu aucune instruction. L’occupation principale est le statut de femme au foyer (57,63%) suivi de commerçant(e) et/ou revendeur(euse)s (18,64%). Parmi les parents concernés par cette gestion préventive, 4 sur les 61 soit 6,78% sont des récidivistes. Les raisons de refus sont dominées par le manque de confiance au vaccin (31,15%). Cette méfiance est motivée par les perceptions selon lesquelles le vaccin serait nuisible (19,67%), le vaccin rend stérile (9,84%) et le vaccin rend impoli (1,64%). Les approches de gestion ont consisté presque exclusivement à l’implication de plateformes communautaires engageant des leaders composés de chef coutumiers, chefs religieux, leaders des associations féminines et de jeunesse, d’ONGs, des services techniques, etc.). En effet, 90,16% et 53,38% de gestion préventive ont été assurées avec l’implication des comités de veille et sous-comité de mobilisation sociale. Les activités de gestion préventive réalisées entre les deux premiers rounds ont eu un effet probant, 93,44% des parents ou tuteurs rencontrés ont accepté de faire vacciner leurs enfants dont notamment 114 enfants sur les 121 dénombrés dans les ménages réticents soit 94,21%.
- Conception: Raissa Edwige Vanian, Abba Dan Dibi Haroune, Pie Roger Bofunga Lohandjola, Fatouma Goudal, Abdou Ali
- Collecte des données: Djamila Abdoulkader, Adamou Moussa Hadiza, Maman Sani Moussa Hadjara, Ramatou Issa Abdoulaye, Hassane Kaou Mamadou
- Analyse des données : Abba Dan Dibi Haroune
- Relecture : Fatouma Goudal, Abdou Ali, Fati Hamza, Oumarou Harouna, Pie Roger Bofunga Lohandjola