La résilience et l’engagement en action
Kimba Niandou, survivant de la polio, utilise son histoire personnelle pour montrer l’impact réel de la maladie et encourager les parents à se faire vacciner. Son témoignage puissant résonne profondément et suscite un engagement renouvelé de la part de la communauté.
KIMBA NIANDOU, UN SYMBOLE DE RESILIENCE ET D’ENGAGEMENT CONTRE LA POLIOMYELITE
Niandou est une des nombreuses victimes condamnées à porter à jamais les stigmates de la poliomyélite. La cinquantaine révolue, cet homme né à Dosso, marié et père de six enfants, est un exemple de résilience et d’engagement dans la lutte contre cette maladie invalidante. Depuis une dizaine d’années, aux côtés des autorités sanitaires de Dosso, Niandou s’emploie pour un Niger sans polio.
L’histoire de Niandou est intimement liée à la poliomyélite. Niandou décrit la poliomyélite comme une maladie qui a marqué de façon indélébile sa famille :
« mes souvenirs sont intacts. A l’époque, mes deux frères aînés et moi sommes tombés malades à la même période, avec des symptômes identiques : une paralysie des membres inférieurs. Après des jours d’évolution de la maladie, mon frère aîné a recouvré l’usage de ses jambes, par la grâce de Dieu. Malheureusement mon deuxième frère n’a pas eu la même chance : il a succombé à cette maladie. Depuis cet événement, ma jambe gauche paralysée, j’ai perdu mon rêve d’aller au bout de mes études ».
« (…) sacrifier mon rêve d’avenir, faire des études supérieures et devenir géologue »

Avec un pincement au cœur, il partage : « chez nous, tous mes frères et sœurs sont allés au bout de leurs études, ils sont tous fonctionnaires ! Hélas, je n’ai pas eu cette chance, j’ai dû arrêter mes études en classe de CM2, en 1986. Après l’obtention de mon certificat de fin d’étude primaire, le seul collège, CEG5, habilité à accueillir les élèves des franco-arabes du pays était situé à 139 kilomètres de Dosso, à Niamey. Ma grande dépendance liée à mon handicap a contraint mes parents, à leur corps défendant, à sacrifier mon rêve d’avenir, consistant à faire des études supérieures et devenir géologue. »
Loin d’être brisé, son crédo reste le même : aller de l’avant.
« Après ce changement brusque, je me suis orienté vers la formation professionnelle où je me suis formé en soudure. Grâce à cette formation, je suis devenu propriétaire d’un atelier de soudure et j’ai pu engager deux assistants. Cette activité me permet aujourd’hui de faire face à mes besoins et ceux de ma famille dans la dignité. »
En parallèle de son travail, Niandou mène un autre combat, celui de participer à l’arrêt de la circulation du virus de la poliomyélite. Dans le cadre de son engagement, il donne de la voix lors des réunions d’information et d’engagement communautaire, sur les ondes radios, dans les villages et quartiers qu’il a sillonnés par dizaines, et au contact des parents réfractaires. Partout où son engagement le conduit, il témoigne sur cette maladie et ses conséquences, autant pour les familles que pour la société.
« Je suis un exemple vivant que la poliomyélite existe »
Dans ses sensibilisations auprès des parents réfractaires, Niandou veut convaincre par son témoignage : « je suis la preuve vivante que la poliomyélite existe, que ce n’est pas une vue de l’esprit. Mon histoire est une leçon de vie que je partage volontiers avec tous les parents lors de mes activités de sensibilisation. Pour moi, c’est une façon de mettre un visage sur cette maladie et de communiquer sur ses conséquences, qui vont au-delà de l’atteinte physique des personnes touchées. »
Pour lutter contre les rumeurs disséminées sur le vaccin contre la poliomyélite en milieu communautaire et sur les plateformes numériques, Niandou se montre rassurant : « j’ai confiance en ce vaccin. Depuis le début de sa mise à disposition, on dénombre moins de cas de poliomyélite, c’est visible. »
Fier de participer à une noble cause, Niandou indique que « lorsque le Niger a été certifié libre de circulation de poliovirus en 2016, je me suis senti concerné par cette victoire ! C’est l’aboutissement de plusieurs années d’un combat auquel j’ai contribué. »
Notre champion ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « je me considère comme soldat en mission, celle de sauver des vies de la poliomyélite. »
Pour atteindre l’idéal poursuivi par Niandou pour les enfants du Niger, il plaide pour le renforcement de l’engagement des partenaires aux côtés des autorités compétentes.
Au-delà, concernant les autres acteurs comme lui, il sollicite un appui à travers des mesures d’’incitation et d’accompagnement pour permettre aux acteurs communautaires de rester mobiliser contre la poliomyélite.
Equipe de rédaction :
Raissa Edwige Vanian, Cheffe de Section SBC
ABBA Dan Dibi Haroune, Spécialiste SBC, Niamey
Pie Roger Bofunga Lohandjola, Stop Team 54, Unicef Niger
ADAMOU MOUSSA Hadiza, Consultante National
Photo: ©UNICEF Niger/ Dosso_Avril 2024/Hadiza ADAMOU