Tirer parti des plateformes numériques pour lutter contre la polio

Pays
Niger

Connu en ligne sous le nom de "Pacifique", Seyni Yayé utilise les médias réseaux pour dissiper les mythes et rallier ses milliers d’adeptes. En s’associant aux autorités sanitaires, il prouve que le plaidoyer numérique peut faire pencher la balance dans la lutte contre la polio.

PACIFIQUE, UN WEB INFLUENCEUR ENGAGE DANS LA LUTTE CONTRE LA POLIOMYELITE

Seyni Yayé est un communicateur de formation, exerçant en tant journaliste dans un média à Dosso et détenant une entreprise privée de communication. Plus connu sous le pseudonyme de « Pacifique » sur le réseau social Facebook,  l’homme marié et père de 4 enfants se fait fort d’une communauté de 4,6K d’abonnés et environ 9K followers sur Facebook. Il accompagne, depuis 2014, la Direction Régionale de Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales de Dosso dans la promotion de la santé sur les réseaux sociaux. En 2021, il s’est ajouté au large éventail d’influenceurs engagés dans la lutte contre la poliomyélite. 

Le socle de l’engagement de « Pacifique » est bâti sur une évidence : « la poliomyélite existe car je vois des cas régulièrement. C’est une maladie qui peut tuer. Dans le cas où les victimes survivent, les graves séquelles occasionnées peuvent contribuer à les rendre invalides. Pourtant, cette maladie est évitable grâce à la vaccination, il suffit juste d’accepter ! C’est cela qui me motive à faire partie des leaders d’opinion engagés contre la poliomyélite. »

« Le visionnaire a tout intérêt à utiliser les réseaux sociaux pour promouvoir la santé. »

A l’heure du numérique, avec une population majoritairement jeune et connectée, le combat contre cette maladie invalidante ne peut se faire uniquement à travers les canaux de communication classiques. « Les choses ont changé. Auparavant les canaux de communication les plus utilisés étaient la radio et la télévision. Maintenant,  les gens utilisent davantage leurs portables pour s’informer à travers les réseaux sociaux que sur les canaux de communication classiques. Le visionnaire a donc tout intérêt à utiliser les réseaux sociaux pour promouvoir la santé. »

Sur la genèse de sa collaboration avec la santé, il explique : « à mes débuts, en tant que journaliste novice, j’ai partagé souvent des informations sans même consulter les spécialistes du domaine. Cela m’a valu un recadrage de la Direction Régionale de la Santé Publique (DRSP) de Dosso à la suite d’une de mes publications. Depuis j’ai changé de paradigme, et je me suis rapproché de la DRSP. Ceci me permet de partager désormais sur ma page Facebook des informations sourcées et vérifiables. Le climat de confiance qui s’est installé par la suite, nous a conduit avec l’équipe de la DRSP à collaborer sur des campagnes d’information et de sensibilisation numérique sur des maladies ou lors des campagnes de vaccination, dont celle contre la poliomyélite. »

La collaboration de « Pacifique » avec la Direction Régionale de Santé Publique est une aubaine pour la diffusion de messages crédibles, la gestion de la désinformation en ligne et la promotion de pratiques favorables à la lutte contre la poliomyélite. 

« Je réponds aussi aux interrogations suscitées par mes publications dans la limite de mes connaissances. Quand je n’ai pas de réponse, je me réfère aux spécialistes ! » 

A propos de la désinformation persistante sur le vaccin contre la poliomyélite, « Pacifique » préconise de «  travailler à ouvrir les yeux des gens avec des faits.». 

Malgré certaines allégations accusant « Pacifique » de prendre de l’argent et de faire le jeu des gens de la santé, il reste concentré sur sa mission : « je suis fier d’être utile à ma communauté. »

Tout en reconnaissant les nombreux efforts faits par les partenaires, « Pacifique » plaide pour investir davantage afin d’ouvrir le champ de communication car selon lui, « jusqu’à présent, il y a des gens qui méconnaissent les méfaits de la poliomyélite. » 

Equipe de rédaction : 

  • Raissa Edwige Vanian, Cheffe de Section SBC 
  • ABBA Dan Dibi Haroune, Spécialiste SBC, Niamey 
  • Pie Roger Bofunga Lohandjola, Stop Team 54, Unicef Niger 
  • ADAMOU MOUSSA Hadiza, Consultante National 

Photo: ©UNICEF Niger/ Dosso, Avril 2024/Hadiza ADAMOU