Dans le village de Chardei, situé dans le district de Batikot, dans province de Nangarhar en Afghanistan, le manque d'hygiène a été un facteur clé dans la récurrence des cas de poliomyélite. En 2024, les programmes WASH et Polio de l'UNICEF ont été menés en collaboration avec l'OMS et les dirigeants locaux pour améliorer l'assainissement et l'hygiène, dans le but d'endiguer la transmission de la poliomyélite. Cette approche intégrée est allée au-delà de la vaccination, en s'appuyant sur des initiatives communautaires en matière d'hygiène pour réduire la propagation du virus dans les zones vulnérables. Ces efforts ont permis d’obtenir des résultats édifiants : le taux de lavage des mains est passé de 13 % à un taux incroyable de 95 %, le traitement de l'eau a augmenté de façon spectaculaire, passant de 15 % à 93 %, et l'utilisation des latrines est passée de 30 % à 70 %, ce qui a eu un impact positif sur plus de 1 300 familles.
Photo : Des jeunes filles se lavent les mains, illustrant comment l'amélioration des pratiques WASH favorise un avenir plus sain pour les enfants afghans. UNICEF/Afghanistan/Khayyam.
Le village de Chardei, situé dans le district de Batikot, dans la province de Nangarhar en Afghanistan, a dû faire face à des cas récurrents de poliomyélite en raison du manque d’hygiène. En 2024, les programmes WASH et Polio de l'UNICEF ont été menés en collaboration avec l'OMS et les dirigeants locaux pour améliorer l'assainissement et l'hygiène, dans le but d'endiguer la transmission de la poliovirus. Cette initiative a permis de mettre en œuvre une intervention globale qui dépasse le simple cadre de la vaccination, en intégrant des solutions d'hygiène pilotées par la communauté pour réduire la propagation du virus dans les zones vulnérables.
La collaboration entre les programmes WASH et Polio de l'UNICEF, l'OMS et les parties prenantes locales visait à s'attaquer aux causes profondes de la transmission de la poliomyélite dans le village de Chardei. Chardei faisait partie d'un site de collecte d'échantillons environnementaux et était confronté à d'importants problèmes d'assainissement, avec des égouts à ciel ouvert et des puits peu profonds contaminés qui servaient de principale source d'eau. Ces conditions ont constitué un terrain propice au développement du poliovirus, comme en témoigne un cas de poliovirus sauvage signalé chez une fillette de quatre ans en 2023.
Défis et stratégie
Les évaluations de base ont mis en évidence de graves problèmes d'hygiène : une mauvaise évacuation des déchets, la défécation à l'air libre et la contamination généralisée de l'eau potable. Seuls 30 % des ménages avaient accès à des installations sanitaires adéquates. Au niveau mondial, il est prouvé que le manque d'hygiène est directement lié à la propagation de la poliomyélite. Des installations sanitaires inadéquates facilitent la transmission du virus, qui se propage principalement par les matières fécales dans des environnements dépourvus de pratiques d'hygiène adéquates. Le poliovirus peut survivre pendant des semaines dans l'eau et le sol contaminés, ce qui rend le risque persistant pour les personnes non immunisées. Il est donc essentiel de lutter contre la défécation à l'air libre et d'améliorer les pratiques d'hygiène.
L'approche de l'assainissement total piloté par la collectivité (ATPC)
Pour relever ces défis, l'approche de l'assainissement total piloté par la collectivité (ATPC) a été utilisée pour favoriser l'appropriation et la responsabilité de la communauté. Cette approche a encouragé les membres de la communauté à renoncer à la défécation à l'air libre et à adopter de meilleures pratiques d'hygiène. Les anciens de la région, les facilitateurs formés et les dirigeants locaux ont joué un rôle essentiel en veillant à ce que les solutions soient culturellement appropriées et durables. Les principales activités ont consisté à construire des latrines, à promouvoir un stockage de l'eau salubre et à organiser des séances d'information sur le lavage des mains au savon.
Photo : Des chefs de communauté tiennent fièrement des certificats après une formation à l'assainissement, soulignant le pouvoir du leadership local dans la lutte contre la poliomyélite. UNICEF/2024/Afghanistan.
En outre, diverses fournitures ont été distribuées pour soutenir ces efforts, au bénéfice de plus de 1 300 familles. Chaque famille a reçu des jerrycans pour stocker l'eau en sécurité, et des comprimés de chlore ont été fournis pour purifier l'eau de boisson, garantissant ainsi l'accès à l'eau potable. Du savon a été distribué pour promouvoir le lavage régulier des mains, qui est essentiel pour prévenir la propagation des maladies. Pour soutenir davantage ces activités, des supports éducatifs ont été fournis, notamment des dépliants sur le traitement de l'eau, des brochures sur les situations d'urgence et des guides sur le lavage des mains. L'implication de la communauté a été renforcée par l'utilisation de tableaux de conférence lors des sessions animées par les membres de l’ATPC et les groupes d'action pour la santé familiale, ce qui a permis de rendre les informations accessibles et faciles à comprendre.
Fournitures pour l'intervention intégrée Polio - WASH de Batikot |
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Catégorie |
Famille |
Jerrycans (deux par famille) |
Comprimés de chlore de 33 mg |
Savon (21 savonnettes par famille) |
Dépliant sur le traitement de l'eau |
Dépliant sur l’utilisation du chlore |
Brochures sur les situations d'urgence |
Livret sur le lavage des mains |
Tableau WASH pour l’ATPC et le FHAG |
Équipe 1 |
366 |
732 |
461 160 |
5 124 |
732 |
732 |
732 |
732 |
0 |
Équipe 2 |
318 |
636 |
400 680 |
4 452 |
636 |
636 |
636 |
636 |
0 |
Équipe 3 |
336 |
672 |
423 360 |
4 704 |
672 |
672 |
672 |
672 |
0 |
Équipe 4 |
303 |
606 |
381 780 |
4 242 |
606 |
606 |
606 |
606 |
0 |
Écoles |
|
0 |
0 |
1 000 |
100 |
100 |
1 000 |
1 000 |
0 |
Établissement de santé |
|
0 |
0 |
1 000 |
100 |
100 |
1 000 |
1 000 |
0 |
Bureau de l’ATPC |
7 |
2 |
1 890 |
50 |
50 |
50 |
50 |
50 |
200 |
Total |
1 323 |
2 646 |
1 668 870 |
20 572 |
2 896 |
2 896 |
4 696 |
4 696 |
200 |
Réunion de la communauté avec les autorités : les chefs des communautés locales et les représentants de l'UNICEF en discussion avec les autorités régionales
Cette réunion témoigne de la collaboration entre la communauté, le gouvernement et les organisations internationales pour remédier au manque d’hygiène et aux problèmes de santé dans le cadre de la lutte contre la poliomyélite en Afghanistan.
Photo : L'UNICEF et les autorités locales discutent des efforts intégrés pour améliorer l'hygiène, en soulignant la valeur des actions conjointes. UNICEF/2024/Afghanistan.
Résultats et impact
L'initiative a conduit à des améliorations remarquables. Au départ, seuls 13 % des membres de la communauté se lavaient les mains aux moments critiques et 15 % traitaient leur eau de boisson. Après trois mois, le lavage des mains est passé à 95 %, le traitement de l'eau à 93 % et l'utilisation des latrines est passée de 30 % à 70 %. L'intégration du réseau WASH aux microplans de lutte contre la poliomyélite de l'OMS a permis une utilisation efficace des ressources et a bénéficié de manière significative à plus de 1 300 enfants et familles.
Le succès de l'initiative a également démontré la valeur de l'intégration des efforts des programmes WASH et Polio pour une prestation de services efficace. Les structures communautaires existantes du programme WASH ont joué un rôle déterminant, offrant au programme Polio des réseaux bien établis sans avoir à en créer de nouveaux. Cette approche a reposé sur les bonnes pratiques observées dans d'autres pays, comme la Somalie, où l'intégration de la sensibilisation à la poliomyélite et de la promotion de l'assainissement s'est avérée cruciale dans la lutte contre le virus (UNICEF, 2015).
Engagement communautaire et enseignements tirés
L'engagement communautaire a joué un rôle essentiel dans la réussite de l'initiative. Les anciens et les facilitateurs locaux ont animé des séances éducatives qui ont mis l'accent sur des pratiques d'hygiène culturellement pertinentes et approuvées par la communauté. Cette approche a permis à la communauté de s'approprier le processus. La collaboration entre les équipes WASH et Polio a montré que la lutte contre la poliomyélite nécessite de s’attaquer des problématiques plus globales telles que l'hygiène et l'assainissement, et pas seulement à la vaccination. La réaction positive de la communauté a montré qu'elle a apprécié une approche qui répondait à ses besoins globaux - plus qu'une simple vaccination, une amélioration des conditions de santé quotidiennes.
Le partenariat entre les programmes Polio et WASH a été salué comme un modèle de prestation de services intégrés. En s'appuyant sur les structures WASH existantes, le programme a permis de s'attaquer aux problèmes d'assainissement de manière efficace et durable. L'approche de l’ATPC a permis à la communauté de prendre l'initiative des améliorations et d'en assurer la viabilité à long terme.
L'intégration des programmes WASH et Polio dans le village de Chardei montre comment la combinaison des efforts entre les différents secteurs permet d’améliorer de manière la situation sanitaire. L'UNICEF améliore la prestation de services intégrés pour répondre aux divers besoins des enfants dans les zones à haut risque. L'objectif n'est pas seulement de réduire le nombre d'enfants manqués lors des campagnes de lutte contre la poliomyélite, mais aussi d'améliorer les pratiques sanitaires et nutritionnelles pour les enfants. Cet engagement en faveur d'une approche intégrée rassemble les activités liées à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène, à la nutrition, à la santé et au changement social et comportemental (CSC), garantissant des interventions peu coûteuses et à fort impact qui améliorent de manière significative les conditions sanitaires des enfants.
L'expérience de l'Afghanistan, de la Somalie et d'autres pays montre que l'intégration des programmes de lutte contre la poliomyélite et des programmes WASH permet de réduire efficacement la défécation à l'air libre et d'améliorer l'hygiène, des facteurs essentiels pour limiter la propagation du poliovirus. À Chardei, la double intervention sur la vaccination et l'assainissement a donné de meilleurs résultats que si ces problématiques avaient été traitées séparément. L'UNICEF a pour objectif d'étendre cette approche de prestation de services intégrés afin d'atteindre davantage de zones à haut risque, en combinant les activités WASH, la nutrition, la santé et le CSC pour des interventions peu coûteuses et à fort impact. Les améliorations constatées à Chardei mettent en évidence la puissance des efforts menés par les communautés, soutenus par des mesures sanitaires ciblées, pour obtenir des bénéfices durables en matière de santé.
Article rédigé par Daria Shubina, spécialiste de la gestion des connaissances, SBC Polio, au siège de l’UNICEF à New York