Comment l'écoute sociale aide à combattre les réticences à la vaccination sur fond d'infodémie au Cameroun
À l'ère du numérique, la réticence à la vaccination est de plus en plus alimentée par la désinformation, un défi rendu encore plus difficile à affronter par la pandémie de COVID-19. L'écoute sociale est devenue un outil essentiel pour identifier et gérer ce problème, en particulier dans le contexte actuel d'infodémie, marqué par la propagation rapide d'informations fausses ou trompeuses. Au Cameroun, où les campagnes de vaccination, entre autres contre la polio, se sont heurtées à des obstacles significatifs depuis 2020, l'écoute sociale a joué un rôle crucial dans l'identification des rumeurs et des fausses informations qui mettent à mal la confiance du public à l'égard des vaccins. En détectant en amont ces fausses informations et en y répondant promptement, il est possible de déployer des campagnes de vaccination à même de rétablir la confiance du public et d'assurer une couverture vaccinale élargie.
Le rôle de l'écoute sociale dans les campagnes de vaccination
Depuis la fin 2021, le Programme étendu de vaccination (PEV), avec le soutien de partenaires tels que l'UNICEF, a mis en œuvre un mécanisme d'écoute sociale pour repérer et gérer la désinformation qui circule en ligne et en personne. Cet outil a été particulièrement important au Cameroun, où les dernières campagnes de vaccination contre la polios ont été fortement lésées par la désinformation au sujet des vaccins. L'écoute sociale permet d'identifier les principales sources de désinformation, telles que les idées reçues au sujet de la sécurité des vaccins ou les craintes injustifiées concernant les effets secondaires.
Grâce à des efforts coordonnées aux niveaux central et local, les rumeurs infondées — dont celles concernant la polio ou les effets secondaires des vaccins — peuvent être promptement démenties. Ces interventions rapides aident à rétablir la confiance du public et permettent d'assurer l'intégrité du processus de vaccination. En dialoguant directement avec les communautés, le PEV et l'UNICEF peuvent réfuter les rumeurs et rassurer les populations quant à l'inocuité des vaccins ainsi que leur nécessité.
La stratégie de lutte contre la désinformation et la réticence aux vaccins de l'UNICEF
Un bon exemple de l'application de cette stratégie peut être tiré de la campagne de vaccination contre la fièvre jaune qui a eu lieu au Cameroun entre le 24 et le 30 juillet 2024. Au beau milieu de la campagne, des rumeurs ont commencé à émerger au sujet des effets secondaires néfastes d'un vaccin administré lors d'une précédente campagne, ce qui a attisé la réticence aux vaccins dans plusieurs régions. Toutefois, le mécanisme d'écoute sociale a permis aux autorités sanitaires de promptement détecter le problème et d'agir rapidement pour répondre aux inquiétudes.
En collaboration avec la coordination du PEV, l'UNICEF au Cameroun a mobilisé des leaders communautaires, des survivants et survivantes de la fièvre jaune et des médias locaux pour contrer la désinformation avec des informations exactes et pertinentes. Les personnes de confiance — telles que des leaders communautaires respectés et des survivants et survivantes venus apporter leurs témoignages — ont joué un rôle clé dans le processus de rétablissement de la confiance. Des données vérifiées concernant la sûreté des vaccins ont aussi été largement diffusées, à la fois via des médias traditionnels et des plateformes de réseaux sociaux, garantissant au public l'accès à une information factuelle plutôt qu'anxiogène. Cette intervention coordonnée a contribué à assurer le bon déroulement de la campagne et à renforcer la confiance des communautés dans le processus de vaccination.
L'impact de l'écoute sociale dans la lutte contre la désinformation au sujet des vaccins
Cette expérience souligne à quel point l'écoute sociale est vitale dans le maintien de la confiance du public à l'égard des initiatives de vaccination. En détectant et en combattant la désinformation en temps réel, l'écoute sociale permet non seulement d'intervenir bien plus promptement, mais aussi d'influencer la perception du public et de rétablir des relations de confiance, de façon proactive.
Dans le contexte des campagnes de vaccination au Cameroun, l'écoute sociale ne contribue pas uniquement à lutter contre la réticence à la vaccination, mais aussi d'établir un dialogue ouvert avec les communautés afin de s'assurer que leurs inquiétudes sont entendues et trouvent une réponse. Cette approche proactive permet d'engager une meilleure dynamique pour bâtir la confiance, essentielle au succès des initiatives de santé publique à long terme.
Partager ses réussites et construire les stratégies de demain
Le succès de l'écoute sociale au Cameroun durant les campagnes de vaccination contre la fièvre jaune et la polio sont sources d'enseignements précieux pour d'autres pays confrontés à des défis similaires. En partageant ces stratégies avec d'autres bureaux de pays de l'UNICEF, d'autres régions pourraient apprendre de l'expérience camerounaise et s'en inspirer pour adapter leurs approches à leurs contextes locaux. Alors que la réticence aux vaccins continue de représenter un obstacle aux efforts de vaccination à l'international, l'équipe de changement social et comportemental (CSC) de l'UNICEF encourage les équipes du monde entier à partager leurs réussites en matière d'écoute sociale.
En travaillant ensemble et en partageant leurs connaissances, l'UNICEF et ses partenaires peuvent continuer de construire des communautés résilientes et mieux informées, équipées pour combattre la désinformation et les infodémies, afin de s'assurer que les campagnes de vaccination atteignent leur plein potentiel de protection de la santé publique.
Écrit par Pascal Adouabou, spécialiste CSC de l'UNICEF au Cameroun
Édité par Daria Shubina, spécialiste en gestion des connaissances pour le CSC en matière de polio au siège de l'UNICEF à New York