Sur le front : Mobiliser les Nairobiens et les Nairobiennes contre la polio

Résumé

Cette histoire raconte l'histoire de Fatuma Mohamed Ahmed, une agente de promotion de la santé communautaire à Nairobi, et de ses efforts pour lutter contre la polio grâce à l'engagement communautaire et à l'éducation.

Sur le front : Mobiliser les Nairobiens et les Nairobiennes contre la polio

Au cœur du quartier d’Eastleigh, à Nairobi, vit Fatuma Mohamed Ahmed, une agente de promotion de la santé soutenue par l’UNICEF. De nature altruiste, son action a été d’un grand apport pour sa communauté lors des campagnes de vaccination contre la poliomyélite. Coiffée d’un hijab discret, Fatuma reste fidèle à ses valeurs et sa culture tout en s’attelant à sensibiliser la communauté somalie aux questions de santé. Soucieuse de ne pas se limiter au strict cadre de ses fonctions professionnelles, elle joue un rôle moteur de médiatrice en créant des passerelles entre les pratiques traditionnelles et les avancées en matière de santé, notamment en lien avec les vaccins oraux contre la poliomyélite et la vaccination de routine. Son action est déterminante lorsqu’elle donne aux mères enceintes et allaitantes les clés pour améliorer leur bien-être et celui des enfants de moins de 5 ans.

Aînée au sein d’une fratrie composée de quatre frères et trois sœurs, Fatuma vit avec son père, Mohamed Ahmed, dans le quartier d’Eastleigh, dans le sous-comté de Kamkunji. Sa famille connaît des difficultés éprouvantes, à commencer par sa mère, qui souffre de diabète et d’hypertension. Face à l’adversité, Fatuma a choisi le secteur de la santé de proximité, déterminée à améliorer concrètement le bien-être de sa famille et de sa communauté au sens large.

Alors que le Kenya figure parmi les 35 pays en proie à des flambées de poliomyélite et se voit confronté au poliovirus circulant de type 2 dérivé d’une souche vaccinale (PVDVc2), Fatuma se retrouve face à un défi inédit. Au cœur d’Eastleigh, une zone où nombre de Somalis résident et exercent en tant qu’entrepreneurs, certaines familles font état de leurs craintes et de leur réserve lorsqu’il s’agit d’administrer le vaccin contre la poliomyélite à leurs enfants, notamment dans les quartiers nord. Originaire de cette communauté, Fatuma fait régulièrement face à ces réticences lorsqu’elle s’engage dans des missions pour protéger les enfants de la poliomyélite.

Défis Communautaires

Aider les autres se fait au prix de certains déboires. Dans la rue, elle doit se confronter aux regards désapprobateurs et à des commentaires acerbes. Et pour cause, certaines normes sociétales remettent en question le caractère approprié de certaines professions pour les femmes, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de promouvoir la vaccination contre la poliomyélite. Nullement découragée, Fatuma a su gagner le respect de ses pairs à force d’abnégation, de persévérance et d’honnêteté.

Maîtrisant le somali, le borana, l’oromo, le swahili et l’anglais, ainsi que la langue des Rahanweyn, Fatuma a su nouer des relations interpersonnelles avec des femmes issues de communautés diverses. En dehors même du strict cadre des campagnes contre la polio, elle s’entretient avec les familles, en tâchant de répondre à leurs préoccupations. Elle a une confiance indéfectible dans le pouvoir du dialogue et prend le temps nécessaire pour convaincre ses interlocuteurs de l’importance primordiale des vaccins contre la poliomyélite (VPO).

Ses amis l’appellent affectueusement Shakaroon (« meilleure que cinq personnes » en somali). Son dévouement se manifeste au-delà des campagnes contre la poliomyélite ; elle apporte ainsi son soutien aux femmes enceintes et allaitantes. Elle leur prodigue des conseils en matière de soins prénatals, en insistant sur les avantages de l’accouchement dans des structures publiques, à l’instar de l’hôpital de Pumwani, où les services d’accouchement sont gratuits.

« J’entends m’impliquer corps et âme pour aider les femmes de ma communauté à satisfaire leurs besoins de santé », précise-t-elle.

Sa bienveillance transcende son sens du devoir et elle n’hésite pas à arpenter les rues étroites d’Eastleigh pour rejoindre les ménages surpeuplés dans le besoin. Fatuma Mohamed Ahmed n’est pas une simple agente de promotion de la santé. C’est une force de la nature qui met son empathie au service de la santé des membres de sa communauté. Les habitants du quartier lui savent gré de son action – la preuve que la force de caractère et le dévouement peuvent à eux seuls changer la donne, notamment dans les contextes de vaccination contre la polio, et au-delà, pour le bien-être des populations.

Efforts du Gouvernement et de l'UNICEF

Conscients de la gravité de la situation au regard de la prévalence de la poliomyélite au Kenya, les pouvoirs publics ont mis en place, avec le concours de l’UNICEF et d’autres partenaires engagés dans les questions de développement, trois phases spéciales de vaccination dans les zones à haut risque, y compris le comté de Nairobi. Ces initiatives, désignées sous le terme d’activités de vaccination supplémentaires (ou AVS), représentent un effort collectif visant à garantir l’administration orale du vaccin à l’ensemble des enfants, garante d’une meilleure santé pour la communauté.

Conclusion

L'histoire de Fatuma Mohamed Ahmed exemplifie l'impact des agents de promotion de la santé communautaire dévoués pour surmonter les défis et conduire des changements positifs. Son travail, aux côtés des efforts du gouvernement et de l'UNICEF, souligne l'importance de l'engagement communautaire et des interventions stratégiques pour combattre la polio et améliorer la santé publique.

Composé par Farhat Mahdi, SBC Consultant, CDC - STOP Team #54 Kenya