Découvrez l’histoire édifiante du colonel Gbamon Kpoghomou, figure emblématique de la campagne de vaccination contre la poliomyélite 2024 en Guinée. Découvrez comment son leadership, son engagement et sa détermination entraînent des changements positifs dans la lutte contre la poliomyélite, contribuant ainsi à préserver l’avenir des enfants en Guinée.
En Guinée, la lutte contre la poliomyélite en 2024 a pris une forme unique, menée non pas par des médecins ou des responsables de la santé, mais par un officier militaire qui a transformé ses compétences en leadership en un puissant outil de santé publique. Le lieutenant-colonel Gbamon Kpoghomou, après 34 ans de service militaire, s’est vu confier une nouvelle mission : protéger les enfants de Guinée d’une menace invisible. Ce récit de première main explique comment le colonel Kpoghomou, un soldat chevronné, est devenu une figure clé de la campagne de vaccination contre la poliomyélite dans le pays, mobilisant les communautés, surmontant le scepticisme et protégeant l’avenir des enfants guinéens.
Je suis le lieutenant-colonel Gbamon Kpoghomou et j’ai servi dans l’armée guinéenne pendant 34 ans. En tant que soldat, j’ai toujours cru en la protection de notre pays contre les menaces extérieures. Mais en 2024, une nouvelle mission m’est confiée, une mission qui ne consiste pas à porter des armes mais à protéger nos enfants d’une menace invisible : la poliomyélite.
Tout a commencé lorsque j’ai été contacté par le Dr Mam, responsable du centre de santé de Tanéné. Elle savait que notre pays avait besoin de toutes les forces disponibles pour mener à bien la campagne de vaccination contre la poliomyélite. Bien que la maladie ait été pratiquement éradiquée dans le monde entier, elle reste une menace pour les enfants guinéens. On m’a demandé de rejoindre l’équipe des mobilisateurs sociaux, d’user de mon autorité et de mon influence pour convaincre les communautés de la région du Camp Alpha Yaya Diallo, dont certaines étaient sceptiques, d’accepter la vaccination.
Je me souviens de ma première mission dans un village reculé de la campagne. La population était méfiante, non seulement à cause des rumeurs qui circulaient sur les vaccins, mais aussi parce que la présence militaire, surtout en uniforme, est parfois perçue avec crainte. Pour gagner leur confiance, j’ai décidé de laisser mon uniforme au camp et de m’habiller comme eux, de parler leur langue et, surtout, de les écouter.
Les séances de sensibilisation se déroulaient souvent maison par maison, à la fin de la journée de travail, lorsque les hommes rentraient du bureau et que les femmes avaient fini de préparer le repas. J’ai parlé de la poliomyélite comme d’un ennemi que nous ne pouvions pas voir, mais qui attaquait sans relâche nos enfants. J’ai expliqué que le vaccin était notre bouclier, notre défense la plus efficace.
Les défis étaient nombreux. Parfois, il a fallu plusieurs visites pour convaincre certaines familles ; d’autres fois, les familles ont carrément rejeté la vaccination. Mais à force de patience et de détermination, j’ai appris à connaître les gens, à comprendre leurs craintes et à utiliser les récits de batailles passées contre des ennemis pour illustrer l’importance de la vaccination.
Un jour, un vieux sage m’a dit : « Colonel, vous avez mené de nombreuses batailles, mais celle-ci est la plus noble. Car cela concerne non seulement notre génération, mais aussi les générations futures ». Ces mots m’ont profondément touché. J’ai réalisé que même si je ne me battais pas sur un champ de bataille, la mission que j’accomplissais était d’une importance vitale.
Aujourd’hui, lorsque je regarde les statistiques indiquant la diminution du nombre de cas de poliomyélite dans notre pays, je suis empli de fierté. Non pas pour des médailles ou des honneurs, mais pour chaque sourire d’un enfant vacciné, pour chaque parent rassuré. J’ai appris que la véritable force ne réside pas seulement dans les armes, mais dans la capacité à protéger et à servir sa communauté d’une manière qui garantisse un avenir meilleur.
Photo : Le colonel Kpoghomou s’adresse à une famille de la communauté pour la sensibiliser à l’importance de la vaccination contre la poliomyélite.
Photo : Marquage des maisons pour indiquer la réussite des séances de sensibilisation et des vaccinations.
Le rôle du colonel Gbamon Kpoghomou dans la campagne de vaccination contre la poliomyélite souligne l’impact critique du leadership, de la patience et de l’engagement communautaire dans l’éradication de la poliomyélite, prouvant que la véritable force réside dans la capacité à protéger et à servir son peuple pour un avenir meilleur.
Rédigé par Jeconias Mbaihingam, SBC Polio, UNICEF Guinée
Édité par Daria Shubina, spécialiste de la gestion des connaissances, SBC Polio, au siège de l’UNICEF à New York
Crédit photo : © UNICEF Guinée/2024/Jeconias Mbaihingam