A health worker in Gaza administers the nOPV2 vaccine to a child amid the devastation of ongoing conflict, embodying resilience and hope in the fight against polio.
Combattre la poliomyélite en pleine guerre : la bataille inflexible de Gaza

Malgré un conflit actif à Gaza en 2024, une campagne de vaccination contre la poliomyélite a permis d’atteindre une couverture de 97 % chez les enfants de moins de dix ans. Le ministère palestinien de la santé, soutenu par l’UNICEF, l’OMS, l’UNRWA et les partenaires de l’initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite, a mené avec succès deux campagnes de vaccination en septembre et en novembre. Plus de 1,6 million de doses de vaccin nOPV2 ont été administrées et 448 425 enfants (92,4 % des enfants éligibles) ont bénéficié d’une supplémentation en vitamine A. Cette réussite remarquable met en lumière le pouvoir d’un engagement communautaire fort et d’un soutien international dans la fourniture de soins de santé essentiels en période de conflit.

Photo : Un agent de santé de Gaza administre le vaccin nOPV2 à un enfant au milieu de la dévastation causée par le conflit en cours, incarnant la résilience et l’espoir dans la lutte contre la poliomyélite.

La lutte contre la poliomyélite a souvent été mise à mal par des conditions extrêmes telles que les guerres et les catastrophes naturelles. La réponse à l’épidémie de poliomyélite à Gaza se distingue par un effort sans précédent mené dans une zone de guerre active où le conflit se poursuit. Depuis le début de la guerre en octobre 2023, plus de 43 000 personnes ont perdu la vie, dont un tiers d’enfants. Environ 90 % de la population de Gaza a été déplacée, souvent à plusieurs reprises, et la plupart d’entre eux vivent aujourd’hui dans des camps et des abris dans toute la bande de Gaza. La majorité des établissements de santé ont été endommagés et la couverture vaccinale de routine, qui était proche de 100 % avant la guerre, a considérablement diminué. Selon l’UNICEF, 60 % des installations d’eau et d’assainissement ont été détruites ou gravement endommagées, ce qui accroît le risque de maladies transmissibles en raison de la surpopulation et du manque d’hygiène - une situation qui crée un risque élevé de transmission de la poliomyélite.

UNICEF and WHO staff coordinate a polio vaccination campaign in Gaza, discussing logistics with local healthcare workers.

En juillet 2024, il a été confirmé que six échantillons environnementaux prélevés à Deir Al-Balah et Khan Younis, les zones les plus peuplées de Gaza, contenaient un poliovirus de type 2 dérivé d’une souche vaccinale (PVDVc2). En août 2024, un garçon de 10 mois a été paralysé par la même souche de PVDVc2. Après plus de vingt ans d’absence de poliomyélite, le ministère palestinien de la santé a déclaré une épidémie de poliomyélite à Gaza.

Photo : Des familles déplacées par le conflit se rassemblent sur un site de vaccination à Gaza, démontrant ainsi le rôle essentiel de la confiance et de la collaboration au sein de la communauté pour protéger la santé des enfants. 

Malgré les immenses défis qu’il rencontre, le ministère de la Santé de Gaza, avec le soutien des partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP), dont l’UNICEF, l’OMS et l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a mené à bien deux séries d’interventions en septembre et en novembre 2024.

Photo : Un agent de santé vaccine un enfant de Gaza contre la poliomyélite, témoignant du dévouement des travailleurs de première ligne qui veillent à ce qu’aucun enfant ne soit ignoré, même en temps de guerre. 

Photo : Des enfants sourient après avoir été vaccinés dans un centre de santé de Gaza, témoignant du succès de la campagne de vaccination contre la poliomyélite dans un contexte de difficultés extraordinaires.

L’UNICEF a rapidement acheminé 1 605 000 doses du nouveau vaccin oral contre la poliomyélite de type 2 (nOPV2) à Gaza en l’espace de quelques semaines. Pour renforcer le système de chaîne du froid de Gaza, qui a perdu 75 % de sa capacité à cause de la guerre, l’UNICEF a fourni deux camions frigorifiques, 20 réfrigérateurs, 10 congélateurs, 797 porte-vaccins et 150 boîtes froides. Pour s’assurer que chaque enfant éligible soit vacciné avec le VPOn2, l’UNICEF a collaboré avec le ministère de la Santé pour former et déployer un réseau de plus de 900 mobilisateurs sociaux et annonceurs de ville en quelques semaines seulement. Les messages de la campagne ont été diffusés par SMS, WhatsApp, Telegram et par des médias extérieurs tels que des bannières et des affiches, atteignant ainsi la quasi-totalité des soignants de Gaza.

Lors du premier tour de la campagne, 559 161 enfants de moins de dix ans ont été vaccinés. Lors du deuxième cycle, qui s’est déroulé en novembre 2024, 556 774 enfants ont été vaccinés. La supplémentation en vitamine A a été intégrée dans le deuxième cycle, avec 448 425 enfants recevant de la vitamine A, soit 92,4 % des enfants éligibles. D’après le suivi de la campagne, environ 97 % des enfants éligibles ont été vaccinés au cours des deux cycles.

Cette réussite remarquable démontre que, même en cas de conflit, une collaboration efficace et un engagement communautaire fort peuvent assurer la réussite des interventions sanitaires. La couverture vaccinale élevée à Gaza, malgré la guerre en cours, souligne l’importance de l’appropriation locale, de la confiance de la communauté et du soutien international pour surmonter des défis apparemment insurmontables.

Écrit par Muhamad Ridwan Hasan, Spécialiste Polio SBC de l’UNICEF MENARO
Édité par Daria Shubina, spécialiste de la gestion des connaissances, SBC Polio, au siège de l’UNICEF à New York
Photos : UNICEF/2024/Clinique des médias