Le combat d'un père pour la santé de son enfant : briser les normes de genre à Shinga-lokenye
Dans le village de Shinga-lokenye, au cœur de la province de Sankuru, un événement remarquable s'est produit durant ce qui aurait dû être une séance de vaccination de routine. Alors que les agents de mobilisation locaux parcouraient les rues avec un mégaphone, appelant les parents à faire administrer un vaccin vital à leurs enfants, les agents de santé eux se préparaient à une scène familière : mères et autres personnes s'occupant d'enfants faisant la queue avec leurs jeunes enfants. Mais ce jour-là, quelque chose d'exceptionnel est arrivé : un père, tenant fièrement dans ses bras son fils de 4 mois, s'est présenté pour s'assurer que son fils soit vacciné.
Résidant à 7 kilomètres du bureau central de santé de la zone sanitaire de Benadibele, ce père a pris une décision courageuse. Ne souhaitant pas attendre que sa femme prenne l'initiative de présenter leur fils à la séance de vaccination, il a décidé de le faire lui-même, défiant les normes traditionnelles de sa communauté suivant lesquelles les enfants sont à la charge de leur mère — en particulier pour des responsabilités telles que la vaccination. Remettant en question des rôles genrés profondément ancrés, son geste est un exemple inspirant.
Un moment rare mais puissant
Les agents de santé étaient surpris mais émus à la vue de cet homme faisant la queue au milieu de toutes ces femmes, déterminé à faire son devoir pour protéger la santé de son fils. Conscients de l'importance de ce moment, ils ont engagé la conversation avec lui, lui expliquant le processus de vaccination et l'importance de le suivre minutieusement. Ils ont insisté sur le fait que les vaccins protègent les enfants contre des maladies mortelles et qu'en s'assurant que son fils soit vacciné, il protégeait l'avenir de l'enfant.
Il s'agissait de bien plus qu'une vaccination. Les agents de santé ont vu en ce père un agent potentiel de changement. Ils l'ont encouragé à se faire le « relais » de l'information au sein de sa communauté, mobilisant non seulement les mères mais aussi d'autres pères comme lui, afin de veiller à ce qu'aucun enfant de son village ne reste sans vaccin. Sa volonté d'aller à l'encontre des traditions représentait une occasion unique de réduire le nombre d'enfants zéro dose — enfants n'ayant reçu aucune dose de vaccin — dans la région.
La fierté d'un père et l'importance de la mobilisation communautaire
Une fois le vaccin administré à son fils, le père a fièrement brandi sa carte de vaccination, symbole tangible de son engagement à protéger le bien-être de l'enfant. Sa fierté était évidente — non seulement d'avoir protégé la santé de son fils, mais aussi d'être le seul homme présent dans un endroit traditionnellement réservé aux femmes. Cet acte d'attention, à la fois simple et puissant, a remis en question la perception traditionnelle selon laquelle la vaccination relève de la seule responsabilité de la mère, en mettant en avant la reconnaissance croissante du fait que les soins médicaux relèvent de la responsabilité des deux parents.
En République démocratique du Congo, l'UNICEF et ses partenaires travaillent à encourager cette évolution des comportements. En impliquant les hommes dans le dialogue autour de la vaccination, ils favorisent l'engagement de toute la communauté en faveur de la protection des enfants. Les actions de ce père nous rappellent qu'avec l'implication de tous, femmes comme les hommes, les campagnes de vaccination peuvent avoir un impact beaucoup plus puissant.
Un effort collectif pour un avenir en meilleure santé
L'événement de sensibilisation organisé à Shinga-lokenye par l'équipe du Programme étendu de vaccination (PEV), sous la supervision du consultant en changement social et comportemental de l'UNICEF, a mis en avant l'importance cruciale de la participation communautaire dans les campagnes de vaccination. Grâce aux efforts des agents de mobilisation sociale, des agents de santé et de parents dévoués comme ce père, les initiatives de vaccination parviennent à surmonter les barrières de la tradition et trouvent un second souffle.
Alors que l'UNICEF continue de travailler auprès des communautés de République démocratique du Congo, les histoires telles que celle de ce père prouvent que, lorsque les communautés unissent leurs forces au-delà des barrières de genre, elles peuvent offrir à leurs enfants un avenir en meilleur santé. L'initiative de ce père à Shinga-lokenye n'est qu'un exemple de la façon dont les membres d'une communauté peuvent s'approprier leur rôle dans la santé publique, en s'assurant que tous les enfants, quel que soit l'éloignement de leur village, puissent être protégés par la vaccination.