À Madagascar, le succès des campagnes de vaccination contre la poliomyélite est dû à la collaboration entre les autorités sanitaires, les dirigeants locaux et les femmes. Il s’agit notamment de vaincre l’hésitation face au vaccin, d’impliquer les dirigeants locaux et d’adapter les stratégies sur la base d’évaluations régulières. Ces efforts sont essentiels pour assurer un avenir sans poliomyélite à Madagascar.
À Madagascar, la lutte contre la poliomyélite a bénéficié d’un soutien important de la part des leaders d’opinion locaux, qui ont joué un rôle essentiel dans la mobilisation des communautés pour qu’elles acceptent la vaccination. Ces personnalités ont joué un rôle déterminant pour transmettre les messages sur la vaccination aux parents, faire face aux refus et assurer une large participation aux campagnes de vaccination. Cet effort s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large menée par le ministère de la Santé publique (MSP) et soutenue par des partenaires mondiaux en vue d’éradiquer la poliomyélite et d’améliorer les taux de vaccination dans l’ensemble du pays.
Collaboration et principales réalisations dans le cadre des campagnes de lutte contre la poliomyélite
En 2023, le ministère de la Santé publique (MSP) a organisé quatre séries de campagnes de vaccination contre la poliomyélite (AVS), supervisées par la direction régionale de la Santé publique d’Analamanga, avec le soutien des partenaires de l’Initiative Mondiale pour l’Eradication de la poliomyélite (IMEP). Ces tournées ont été cruciales pour mobiliser les leaders d’opinion, en particulier dans les grandes villes comme Antananarivo, où le refus de vaccination est historiquement répandu. Ces dirigeants se sont engagés à mobiliser les communautés, en particulier les parents, pour soutenir la vaccination de leurs enfants contre la poliomyélite.
En 2024, le MSP, avec l’aide de ses partenaires, a réalisé trois tournées de vaccination, la dernière étant intégrée à la campagne de suivi de la rougeole, aux vaccinations de rattrapage pour les enfants n’ayant reçu aucune dose et les enfants sous-vaccinés, ainsi qu’aux vaccinations de routine. Pour minimiser les refus de vaccination et maximiser la couverture vaccinale, diverses stratégies de changement comportemental et social ont été élaborées et mises en œuvre.
Le défi principal : surmonter les refus et mobiliser les dirigeants
L’une des principales difficultés rencontrées au cours de ces campagnes a été d’inciter les dirigeants locaux à faire face aux refus de vaccination et à y remédier. Les dirigeants locaux ont été chargés de remédier aux refus dans les foyers, les marchés, les églises, les écoles et les gares routières, mais beaucoup d’entre eux ne savaient pas comment encourager au mieux l’acceptation de la vaccination.
Photo : Session d’information et d’échange avec les dirigeants locaux. Tous droits réservés.
Témoignages et principales activités d’engagement
Au cours d’une séance d’information, le secrétaire général du gouverneur de la région d’Analamanga a raconté l’histoire émouvante d’une mère qui a refusé de faire vacciner ses enfants et qui a tragiquement perdu l’un d’entre eux à cause d’une maladie qui aurait pu être évitée. Ce puissant témoignage a incité les dirigeants à encourager les parents à vacciner leurs enfants chaque fois qu’ils en avaient l’occasion.
Le professeur Noëline RAVELOMANANA, pédiatre, a mené de nombreuses séances de dialogue avec des pédiatres, des agents de santé et des dirigeants locaux, soulignant l’importance de la vaccination pour renforcer l’immunité collective et protéger la population de la poliomyélite.
En outre, Mme Elisabeth TURK de FIAGONAN’T JESOSY KRISTY ETO Madagascar (FJKM) a joué un rôle clé en finançant la reproduction de messages clés sur la vaccination et en distribuant des spots audio pour une large diffusion au sein de sa communauté religieuse et au-delà.
Photo : Le professeur Noëline Ravelomanana lors d’une séance d’information et d’engagement avec des dirigeants à Antananarivo. Tous droits réservés.
Engagement des dirigeants locaux : actions clés et résultats
Les dirigeants locaux de toute la région ont pris la responsabilité de mobiliser les parents pour qu’ils fassent vacciner leurs enfants et de remédier aux refus pendant les campagnes. Ils ont signé des engagements avec les autorités politiques, administratives, religieuses et traditionnelles pour formaliser leur engagement. Les responsables ont participé à des réunions au cours desquelles les résultats des campagnes précédentes ont été partagés et des plans d’action ont été élaborés en commun pour guider leurs efforts en vue d’inciter les parents à participer aux prochaines campagnes de vaccination.
Photo : Session d’information et d’échange avec les dirigeants locaux de la région d’Analamanga. Henriette Onakoy, consultante STOP, UNICEF 2024.
Changement social et comportemental pour l’action : les dirigeants en tant que modèles
Pour démontrer leur engagement en faveur de la vaccination et montrer l’exemple, les dirigeants locaux ont vacciné leurs propres enfants. Cet acte a permis de rassurer les autres parents et de mieux faire accepter la vaccination. Les responsables ont également joué un rôle essentiel en s’attaquant aux refus dans les foyers et dans d’autres lieux clés lors de chaque campagne de vaccination.
Photos : Des dirigeants locaux vaccinent leurs propres enfants. Tous droits réservés.
Enseignements de la campagne et prochaines orientations
Les campagnes de vaccination contre la poliomyélite à Madagascar ont révélé des informations précieuses sur les défis et les succès des initiatives communautaires en matière de santé. Ces enseignements soulignent l’importance du leadership local et de l’implication de la communauté pour garantir le succès des efforts de vaccination.
1. Collaboration entre les autorités sanitaires et les dirigeants locaux
Une collaboration étroite entre les autorités sanitaires et les dirigeants locaux a été essentielle pour mobiliser les parents et vaincre les réticences à l’égard des vaccins. En travaillant ensemble, ces groupes ont gagné la confiance de la communauté, assurant une communication efficace et une plus grande acceptation de la vaccination.
2. Impliquer les femmes en tant qu’acteurs de première ligne
Le fait d’impliquer les femmes, en particulier les mères, en tant qu’acteurs de première ligne dans les campagnes de vaccination a considérablement amélioré l’acceptation. Les femmes, en tant que principales responsables des soins, étaient mieux à même de convaincre leurs pairs et les membres de leur famille de l’importance de la vaccination, ce qui a permis d’augmenter les taux de vaccination.
3. Évaluation des campagnes et adaptation locale
Des évaluations régulières impliquant les dirigeants locaux ont révélé des informations concrètes qui ont permis d’adapter les stratégies aux contextes locaux. Cette approche participative a permis de lever rapidement les obstacles à la vaccination, tels que les refus ou les problèmes logistiques, et d’accroître l’efficacité des futures campagnes.
La participation des dirigeants locaux à Madagascar a été un facteur essentiel du succès des campagnes de vaccination contre la poliomyélite dans le pays. En s’attaquant aux refus et en mobilisant les parents, ces responsables ont contribué à la vaccination d’un plus grand nombre d’enfants, ce qui rapproche Madagascar de son objectif d’éradication de la poliomyélite. Leur engagement continu et leur leadership sont essentiels pour relever les défis et obtenir des succès à long terme en matière de santé publique.
Rédigé par Henriette Onakoy, consultante STOP SBC Polio/PEV, UNICEF Madagascar
Édité par Daria Shubina, spécialiste de la gestion des connaissances, SBC Polio, au siège de l’UNICEF à New York
Crédit photo : © UNICEF Guinée/2024/Afiavi B Aguessy