A young girl receiving oral polio vaccine administered by a health worker's hand.
Vaccination transfrontalière contre la poliomyélite : veiller à ce qu’aucun enfant ne manque à l’appel

Dans le bassin du lac Tchad, le Cameroun, le Nigeria et le Tchad synchronisent les campagnes transfrontalières de vaccination contre la poliomyélite afin de s’assurer qu’aucun enfant n’est oublié dans la lutte contre la poliomyélite. Du 24 au 27 octobre 2024, la campagne du Cameroun s’aligne sur les efforts du Nigéria pour lutter contre la variante persistante du poliovirus. Les districts de santé de l’Extrême-Nord du Cameroun, de N’Djamena au Tchad et de l’État de Borno au Nigeria collaborent à des stratégies telles que les vaccinations consécutives aux frontières, le partage des données et la communication en temps réel via WhatsApp. Malgré des difficultés telles l’absence de synchronisation avec les campagnes au Tchad et des points de passage frontaliers complexes comme le pont de Ngueli, les efforts coordonnés des autorités et des dirigeants locaux permettent de surmonter les obstacles. Partie intégrante du plan de coordination transfrontalière 2024-2025 de l’équipe de réponse rapide (RRT), cette initiative illustre le rôle vital de la synchronisation et de la collaboration dans l’éradication de la poliomyélite dans le bassin du lac Tchad.

L’urgence de la synchronisation

Face à la circulation persistante de variantes du poliovirus dans et entre les pays du bassin du lac Tchad, les acteurs de l’éradication de la poliomyélite ont identifié la qualité des campagnes de vaccination comme un facteur essentiel de réussite. La synchronisation des activités de vaccination transfrontalières est un élément majeur de cette qualité.

Dans ce contexte, la campagne de riposte à l’épidémie de poliomyélite du Cameroun, prévue du 24 au 27 octobre 2024 et synchronisée avec la campagne du Nigeria, a rassemblé des acteurs du système de santé des régions de l’Extrême-Nord du Cameroun, de N’Djamena au Tchad et de l’État de Borno au Nigeria - des régions qui partagent des frontières communes.

Jeter des ponts entre les districts frontaliers

La coordination entre les acteurs est tout aussi essentielle que la synchronisation. Des réunions ont été organisées entre les équipes de gestion des districts camerounais - Goulfey, Kousseri, Maga, Vele, Yagoua, Guidiguis, Kaélé - et leurs homologues tchadiens, notamment les districts de santé de Mani, Massaguet, N’Djamena Nord, N’Djamena Est, Mandelia, Guelendeng, Bongor, Katoa, Fianga, Binder et Youe. De même, des échanges ont eu lieu entre les districts de Kolofata, Fotokol, Goulfey, Mada, Mokolo, Bourha, Mogode au Cameroun et leurs homologues nigérians : Mubi, Michika, Madagali, Gwoza, Bama, Ngala et Banki.

Définir des stratégies communes pour une couverture optimale

Ces réunions ont permis aux équipes des différents districts de santé d’échanger des idées dans le but principal de définir des stratégies communes pour s’assurer qu’aucun enfant n’est ignoré lors de la campagne de vaccination.

Plus précisément, les discussions ont porté sur les points suivants :

  • Renforcer les stratégies de vaccination aux points de passage : mettre l’accent sur la stratégie du « dos à dos » pour couvrir les enfants qui traversent les frontières.
  • Communication et partage des données : établir des protocoles pour la communication et le partage des données de vaccination entre les zones et les districts de santé de part et d’autre des frontières.
  • Communication en temps réel : création de forums WhatsApp pour le partage instantané d’informations sur la campagne.
Group of health workers and community members standing together in front of a sign for the Centre Médical d’Arrondissement d’Anchidé, under a large tree.

Photo : Des responsables de la santé et des dirigeants locaux se réunissent dans un centre médical à Anchidé, symbolisant les efforts de collaboration entre le Cameroun, le Tchad et le Nigeria pour synchroniser les campagnes de vaccination contre la poliomyélite.

Relever les défis avec le Tchad

Étant donné que le cycle de vaccination actuel n’est pas synchronisé avec celui du Tchad, l’accent a été mis sur l’importance de la communication pour le changement social et comportemental parmi les populations frontalières du côté tchadien. Des efforts sont déployés pour informer et engager les communautés malgré le manque de synchronisation.

Un volet d’un plan de coordination plus large

Toutes ces activités font partie du plan de coordination transfrontalière pour l’éradication de la poliomyélite (2024-2025) mis en œuvre par l’équipe de réponse rapide aux épidémies (RRT). Ce plan vise à renforcer la collaboration entre les pays voisins afin de lutter efficacement contre la propagation du poliovirus.

Surmonter des défis frontaliers uniques

Certains points de passage présentent des défis uniques qui nécessitent une plus grande implication des autorités administratives, des dirigeants locaux et des responsables des forces de défense et de sécurité pour gérer les mouvements de population et faire face aux refus de manière efficace. Un exemple notable est le « pont Ngueli » entre le district de santé de Kousseri au Cameroun et N’Djamena Est au Tchad. Dans ce cas, il est essentiel de coordonner les efforts pour faciliter les activités de vaccination et s’assurer de l’acceptation de la communauté.

Les activités transfrontalières de vaccination contre la poliomyélite illustrent l’importance cruciale de la collaboration et de la synchronisation dans les efforts d’éradication des maladies. En unissant les districts de santé du Cameroun, du Tchad et du Nigeria, les parties prenantes s’assurent qu’aucun enfant ne soit oublié dans la lutte contre la polio. Grâce à des stratégies partagées, à une communication ouverte et à une coordination dévouée, le projet d’éradication de la poliomyélite dans le bassin du lac Tchad est en passe de devenir une réalité.