La vaccination demeure l'un des moyens les plus efficaces de protéger les enfants contre les maladies mortelles et de réduire la mortalité infantile. Pourtant, de nombreux enfants ne reçoivent pas ces vaccins vitaux à cause d'obstacles tels que la mésinformation et la défiance à l'égard des campagnes de vaccination. C'est pourquoi l'accès aux vaccins ne suffit pas : un lien étroit doit être établi avec les communautés, fondé sur la confiance et la compréhension.

En 2023, lorsqu'une épidémie de polio a été confirmée dans l'l'état de la Mer Rouge au Soudan, le Ministère fédéral de la santé, en partenariat avec l'UNICEF et l'OMS, a lancé une intervention d'urgence ciblant les enfants de moins de 5 ans dans sept états accessibles. Dans un contexte de conflit et de déplacements généralisés, cette campagne a représenté un effort critique pour stopper la propagation de la maladie. En dépit de défis immenses, les équipes de terrain sont restées déterminées à atteindre chaque enfant, comprenant que la clé du succès consistait à établir la confiance avec les parents et les personnes s'occupant d'enfants, pour encourager la participation active à l'effort de vaccination.

Les comités de renforcement de la confiance : un maillon clé pour toucher chaque enfant

Pour préparer cette campagne, le Ministère fédéral de la santé, l'UNICEF et l'OMS ont activé des comités de renforcement de la confiance, composés de membres respectés de la communauté disposant d'une expérience avérée en matière de promotion de la santé. Ces personnalités locales, choisies pour leur talent de communication et leur réputation au sein de la communauté, ont joué un rôle crucial pour réduire la réticence vaccinale et les refus.

Pendant le troisième jour de la campagne, nous avons rencontré Samira et Zahra, deux membres passionnées d'un comité de renforcement de la confiance. Tous les jours, elles ont travaillé aux côtés des responsables des équipes de vaccination, en consignant les refus de vaccination et en allant rencontrer les parents réticents pour les encourager à faire vacciner leurs enfants. Toutes deux avaient déjà œuvré dans le domaine de la promotion de la santé pendant plus de six ans, en se focalisant sur les communautés les plus marginalisées pour répondre à leurs inquiétudes avec empathie et compréhension.

Zahra, qui parle le dialecte Bidawait, a joué à rôle crucial pour surmonter les barrières linguistiques et garantir que même les familles qui ne parlent pas l'arabe comprennent l'importance de la vaccination. « Mon peuple mérite de comprendre et de croire en l'importance des services de santé, et nos enfants méritent d'être protégés par les vaccins pour qu'ils puissent grandir en bonne santé », affirme-t-elle. Sa capacité à communiquer dans le dialecte local a permis à chaque famille de recevoir les informations dont elles avaient besoin afin de prendre des décisions éclairées pour la santé de leur enfant.

Pendant ce temps, Samira, une militante des droits de l'homme respectée, a concentré ses efforts à Port-Soudan, aidant à rétablir la confiance à l'égard des vaccins dans un contexte de peur et d'incertitude causées par le conflit. « La guerre a tout détruit. Les gens ont peur de ses vaccins, ils pensent qu'ils n'ont pas d'effet », nous a expliqué Samira. « Mais une fois correctement rassurés, ils font vacciner leurs enfants. » Son travail a été essentiel pour répondre aux rumeurs et au doute qui se sont installés à la faveur du chaos.

Transformer un refus en un consentement

Une après-midi, Samira et Zahra ont rendu visite à Hiba, une mère d'al-Iskan qui avait refusé de faire vacciner son fils de 7 mois, Safieldeen. Hiba n'était pas sûre que la campagne était légitime et remettait en question la sûreté du vaccin, exprimant des doutes partagés par de nombreux parents de la région.

Utilisant une approche ayant fait ses preuves, Samira et Zahra ont commencé par écouter les doutes d'Hiba. Elles ont ensuite patiemment expliqué les objectifs de la campagne, ont fournit des documents informatifs pour la rassurer, et ont souligné le rôle critique des vaccins pour protéger les enfants contre des maladies comme la polio. En répondant à ses peurs d'une manière calme et respectueuse, elles ont réussi à convaincre Hiba de faire vacciner son fils. Le petit Safieldeen a ainsi reçu ses gouttes anti-polio et Hiba s'est engagée à participer aux futures vaccinations. « La santé et le bien-être de mon enfant sont une priorité, et je m'assurerai toujours que les équipes de vaccination viennent bien du ministère », nous a confié Hiba, soulagée et rassurée.

Renforcer la confiance à l'égard des vaccins au sein des communautés

Dans le cadre de ses interventions de changement social et comportemental, l'UNICEF continue de soutenir les comités de renforcement de la confiance tels que ceux de Port-Soudan, en s'assurant qu'ils restent en première ligne des efforts de lutte contre la désinformation au sujet des vaccins et qu'ils contribuent à restaurer la confiance du public à l'égard des campagnes vaccinales. Ces comités sont essentiels pour s'assurer que tous les enfants, quels que soient leur éloignement géographique ou leur situation de déplacement, bénéficient de la protection de ces vaccins vitaux.

Aujourd'hui, alors que le conflit et les déplacements continuent de perturber la vie au Soudan, toutes les stratégies possibles doivent être utilisées pour s'assurer qu'aucun enfant ne reste sans vaccin. Les efforts de membres de la communauté tels que Samira et Zahra démontrent que le renforcement de la confiance est un facteur crucial pour atteindre des enfants qui risquent d'être laissés pour compte. Leur travail acharné sauve des vies et prouve que des communautés mobilisées et informées peuvent surmonter les peurs et la désinformation pour protéger l'avenir de leurs enfants.